Si vous êtes célibataire et souffrez de douleurs vulvo-vaginales ou pelviennes (dyspareunie), il y a de fortes chances que vous ayez certaines craintes d’en parler à un futur partenaire sexuel ou amoureux.
Car en plus de vous juger vous-même et d’être découragée par vos difficultés sexuelles, vous avez peut-être la crainte de faire fuir quelqu’un! Il se peut même que vos douleurs définissent totalement votre sexualité!
Dans mon bureau, j’entends régulièrement les commentaires suivants : ‘’il n’y a pas un homme qui va accepter ça’’, ‘’la pénétration c’est central dans les relations sexuelles’’, ‘’si je dois mettre des limites, mon partenaire va me trouver plate’’, etc.
Dans le contexte social dans lequel nous vivons et bombardées que nous sommes avec les réseaux sociaux, il est normal d’être préoccupées par la sexualité et ce qu’elle représente dans le lien entre deux personnes! En outre, le plaisir sexuel et les rencontres sexuelles (incluant parfois la pénétration vaginale) font partie intégrante des relations, qu’elles soient passagères ou engagées!
Pour plusieurs, les préoccupations et les craintes deviennent si présentes (en plus des douleurs vécues) qu’elles les empêchent parfois d’aller à la rencontre de personnes intéressantes pour elles.
Cet article est un survol qui a pour but de vous offrir quelques pistes de réflexion. De plus, il offre des outils qui pourraient vous aider à diminuer vos inconforts de parler de vos douleurs et de pouvoir établir un dialogue affirmatif avec un futur partenaire.
Il n’y a pas de solution magique…mais je vous guide ici avec des actions et attitudes aidantes que je travaille régulièrement en sexothérapie.
**Attention : ‘’Divulgacheur’’ de thérapeute : ça prend une bonne dose de patience et d’autocompassion!
Alors, QUELLE EST LA MEILLEURE FAÇON D’EN PARLER?
Je vous répondrais par : LE DÉBUT! Pour optimiser notre aisance à parler d’un sujet. Il est préférable de connaître celui-ci! Ici, notre personne érotique (incluant les douleurs) et notre public…le futur partenaire. Bien sûr, on peut choisir d’avoir une aventure et des relations sexuelles spontanées! Il est toutefois assez fréquent d’observer que le fait de ressentir une certaine confiance envers le partenaire et une ouverture de celui-ci est aidant pour lui parler de notre intimité sexuelle.
Pour mieux se préparer
- Familiarisez-vous avec votre condition douloureuse.
-Faites une auto exploration visuelle de votre vulve (et si possible avec touchers) afin d’identifier les zones douloureuses et non-douloureuses.
-Donc : où vous avez mal, mais aussi où sont vos zones non-douloureuses et même plaisantes.
-Explorer avec du lubrifiant pour adoucir les touchers (et éventuellement avec votre partenaire). Voir sur ce blogue l’excellent article de Myriam Borduas ‘’Les lubrifiants, un sujet glissant’’, Décembre 2021.
Si ce n’est déjà fait…
-Consultez votre médecin ou un gynécologue pour un diagnostic. Vous n’êtes pas seule; environ 15% des femmes souffrent de douleurs génito-pelviennes.
-Consultez une physiothérapeute spécialisée en rééducation pelvi-périnéale pour une évaluation (à Pelvi-Santé, il y a plusieurs physiothérapeutes pour vous aider). La physiothérapeute vous aidera entres autres à mieux connaître votre condition et à mieux gérer le vaginisme qui accompagne souvent la dyspareunie. Le vaginisme est la contraction musculaire involontaire des muscles péri- vaginaux qui empêche ou rend difficile toute pénétration.
-Informez-vous plus sur votre condition (les aspects physiques) et les impacts psycho-sexuels généraux de vivre avec de la dyspareunie. Par exemple, il est normal d’avoir une appréhension de la douleur (stress par rapport aux touchers génitaux douloureux ou à la pénétration) même avec un nouveau partenaire car celle-ci est liée à l’expérience du passé. Pour approfondir ce sujet, je vous suggère la lecture de cet article sur ce blogue : ‘’Les douleurs sexuelles suite à l’arrivée de bébé : petit guide pour le couple’’, Octobre 2021 – la partie des douleurs et de ses impacts, et suggestions pour diminuer les douleurs.
- Prenez conscience des émotions et des pensées qui vous habitent par rapport à votre condition douloureuse.
-Sachez qu’il est fréquent de vivre des inquiétudes, un sentiment de honte, une image corporelle négative, un sentiment d’être inadéquate… comme beaucoup d’autres personnes qui vivent avec une condition qui affecte leur santé sexuelle.
-Si votre estime de soi est très affectée et si vous croyez que le partenaire vous rejettera, il vaudrait la peine de faire le point par vous-même et de vous voir dans votre identité globale, ou d’en parler avec un ami ou avec un sexologue ou psychologue, afin que cette image négative de vous-même n’empiète pas totalement sur votre désir d’avoir de l’intimité avec partenaire.
-En effet, si vous vous percevez négativement, ou si vous voyez vos douleurs comme ‘’une montagne’’, il est possible que ce soit ce que vous transmettrez aussi à votre partenaire.
- Prenez le temps de vous questionner sur ce que vous appréciez de l’intimité : qu’elle soit affective, sensuelle, sexuelle.
-Essayer d’identifier vos valeurs sexuelles. Par exemple : partage d’un bon moment, plaisir, détente, connexion avec l’autre, complicité, curiosité, etc.
-Cherchez dans vos souvenirs; identifiez des touchers, ambiances, activités sensuelles ou sexuelles qui ont été érotiques pour vous.
-Tentez, si ce n’est déjà fait, de pratiquer la découverte du plaisir sexuel par la masturbation afin d’en apprendre plus sur vos touchers génitaux agréables. Même si la motivation n’est pas souvent au rendez-vous lorsqu’on a des douleurs, sachez que le fait de se toucher de façon plaisante (avec ou sans orgasme) permet d’améliorer non seulement la connaissance de soi mais aussi l’anticipation du plaisir et souvent la confiance en soi comme partenaire sexuelle.
-Questionnez-vous sur ce que vous aimez faire avec/à un partenaire ou ce que vous aimeriez procurer comme toucher à un partenaire.
-Essayer de voir si vous pouvez faire de la place à l’exploration, à la découverte, au jeu dans votre perception de la sexualité, qui ne vous limite pas à ‘’performer’’ (centrée sur la pénétration, sur l’orgasme).
-Rappelez-vous; si le plaisir sexuel et les rencontres sexuelles vous intéressent, vous avez le droit d’éprouver des sensations agréables, de recevoir des caresses génitales que vous aimez, qu’elles incluent ou non la pénétration vaginale.
- Apprenez à mieux gérer vos douleurs : faites les exercices proposés par votre physiothérapeute, s’il y a lieu, ou explorez par vous-même si vous vous sentez apte à le faire.
-Identifier les conditions aidantes pour favoriser le calme et pour vous centrer sur le plaisir sensuel et sexuel.
-Pour plusieurs personnes, pratiquer la pleine conscience, en général et lors des expériences sexuelles, peut aider grandement à être dans le moment présent. Cela aide aussi à ne pas exclusivement être dans la crainte de la douleur ou dans des pensées qui augmentent l’appréhension de la douleur. Je vous conseille avec enthousiasme ce livre: ‘’Better sex through mindfulness’’ de Lori Brotto.
-Explorer, si vous voulez, divers types de caresses génitales plaisantes, pour élargir votre répertoire sexuel et ce par vous-même et éventuellement avec partenaire. Référence : ‘’Jouissance Club’’ de Jüne Pla.
-Inclure graduellement les touchers aux régions douloureuses et ajouter si désiré la pénétration (manuelle, ou avec objets suggérés par un professionnel). Pour les femmes qui ont une condition de vaginisme complet, il est préférable de demander l’aide d’une sexologue en plus d’une physiothérapeute.
-Prenez en note ce que vous connaissez, découvrez, qui vous aide à vous abandonner et ce qui aide à diminuer vos douleurs.
-Si vous désirez inclure la pénétration avec un futur partenaire, identifiez ce qui vous aide : mettre du lubrifiant dès le début des caresses génitales, pénétration très graduelle, rythme lent, douceur dans les mouvements du bassin, guider l’autre, limiter la durée de la pénétration et terminer avec la masturbation, etc.
En vous connaissant mieux sur vos valeurs, vos goûts, vos préférences sexuelles, vous avez plus de chance d’avoir une attitude confiante et affirmative. Ce que vous connaissez de vos douleurs vous aidera à avoir un discours plus informatif pour votre partenaire.
Bonne exploration dans la bienveillance!